Keynes vs Hayek : les architectes du capitalisme moderne

C’est au cours du 20e siècle que deux penseurs de l’économie ont marqué leur époque et façonné le monde capitaliste tel qu’on le connaît aujourd’hui. D’un côté, l’économiste britannique John Maynard Keynes et de l’autre côté, l’économiste autrichien Friedrich August von Hayek. Leurs théories économiques divergeantes proposent des solutions distinctes aux crises économiques et aux questions structurelles qui affectent les systèmes capitalistes. Dans cet article, nous examinerons les principaux aspects de leurs visions respectives et leur impact sur le capitalisme moderne.

Le keynésianisme : Une intervention étatique pour stimuler la demande

Le principal apport de Keynes réside dans son analyse de la crise des années 1930 . Selon lui, cette crise est le résultat d’une insuffisance de la demande globale pour les biens et services. Pour remédier à cela, il préconise une intervention active de l’État dans l’économie afin de soutenir la croissance et l’emploi en investissant directement ou en incitant les entreprises et les ménages à dépenser davantage.

Soutenir la demande par une politique budgétaire expansionniste

Pour stimuler la demande, Keynes propose des mesures telles que la baisse des impôts et l’accroissement des dépenses publiques . Cette politique budgétaire expansionniste vise à injecter de l’argent dans l’économie pour favoriser la consommation et l’investissement des entreprises. Les dépenses publiques peuvent prendre plusieurs formes, notamment les infrastructures, l’éducation ou encore les transferts sociaux.

Régulation macroéconomique par la politique monétaire

En complément de la politique budgétaire, Keynes défend également une régulation macroéconomique grâce à une manipulation de la politique monétaire. Il préconise ainsi un ajustement du taux d’intérêt, de façon à influencer le coût du crédit et encourager ou décourager la demande de prêts selon les besoins conjoncturels.

L’école autrichienne : le libre marché comme mécanisme d’équilibre

À l’opposé du keynésianisme, l’école autrichienne d’économie dirigée par Friedrich Hayek considère que le libre marché est le mécanisme optimal d’allocation des ressources. D’après leurs analyses, les crises économiques ne sont pas le résultat d’une insuffisance de la demande, mais plutôt celui d’une mauvaise coordination entre offre et demande dans l’économie due à une intervention gouvernementale trop présente ou mal ciblée.

La théorie du cycle économique selon Hayek

Selon Hayek, les cycles économiques naissent des distorsions provoquées par les politiques monétaires inadéquates, en particulier par une création excessive de monnaie qui crée de l’inflation et encourage des investissements non rentables sur le long terme. Cette théorie s’appuie sur le concept de « structure de production » qui distingue les investissements en fonction de leur éloignement dans la chaîne productive par rapport aux biens de consommation finaux.

Le rôle limité de l’État dans l’économie

Pour l’école autrichienne, l’État doit se limiter à garantir un cadre légal et institutionnel propice au bon fonctionnement du marché. Les interventions étatiques directes ou indirectes perturbent ce mécanisme naturel d’équilibre entre offre et demande et peuvent engendrer des crises économiques encore plus sévères. Ainsi, Hayek préconise un assainissement de l’économie via une réduction drastique des dépenses publiques et une politique monétaire plus restrictive.

L’héritage et l’impact de Keynes et Hayek sur le capitalisme moderne

Au fil du temps, les politiques économiques des pays industrialisés ont suivi tantôt la vision keynésienne, tantôt la vision libérale de l’école autrichienne. La social-démocratie européenne après la Seconde Guerre mondiale a largement été influencée par les idées de Keynes, avec notamment la mise en place de politiques sociales redistributives importantes et la poursuite d’une intervention active de l’État dans l’économie.

L’avènement du néolibéralisme et l’influence de l’école autrichienne

Dans les années 1970 et 1980, face à l’échec des politiques keynésiennes pour contenir l’inflation élevée et le chômage croissant, les idées de Hayek ont gagné en popularité. Dès lors, des réformes économiques néolibérales telles que la dérégulation financière et la réduction drastique des dépenses publiques ont été initiées dans de nombreux pays occidentaux.

L’actualité et la pertinence des théories économiques de Keynes et Hayek aujourd’hui

Aujourd’hui encore, le débat entre les visions économiques de Keynes et Hayek reste d’actualité, notamment depuis la crise financière mondiale de 2008 qui a ravivé les questions autour de la régulation financière, de l’intervention étatique dans l’économie et des limites du marché. Si bien que les deux penseurs continuent d’influencer les décisions politiques et économiques des pays, ainsi que les institutions mondiales.

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